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vendredi 8 janvier 2016

Creed, l'héritier d'une légende.

Mes amis et les gens qui me connaissent bien savent l'amour que je porte à la série des Rocky. Loin de simples films de boxe, ils parlent surtout de courage, d'abnégation et d'amour. Lorsqu'il y a plusieurs mois j'ai appris le tournage d'un spin-off de la série Rocky, basé sur le fils d'Apollo Creed son éternel rival et ami, j'ai tout de suite été intéressé. A juste titre ?


Un "passage de flambeau" bien illustré par l'affiche américaine du film. Stallone, indéboulonnable, face à la jeunesse hollywoodienne qui monte.

Le ton  est donné : Apollo Creed, champion parmi les champions, ancien adversaire de Rocky Balboa dans les deux premiers films puis entraîneur de ce dernier dans le fameux Rocky 3 L'oeil du tigre, était un mari infidèle. De cette liaison est né Adonis Johnson. Le jeune garçon ne connaîtra jamais on père (qui meurt dans Rocky 4) et perd sa mère très jeune. Il est alors adopté par Mary-Ann Creed, la femme d'Apollo. Je ne rentrerai pas dans les détails pour la suite, il faut foncer voir le film !



La très grande force de ce film demeure dans les relations entretenues par Rocky et Adonis. Les clins d’œil aux précédents épisodes sont nombreux.

Bien sûr, la boxe est au centre du film. Enfin, disons qu'elle sert de prétexte aux nombreux messages que le film veut faire passer, un peu comme les deux premiers épisodes, ainsi que le sixième Rocky Balboa. Une de mes craintes était que Stallone soit, une fois de plus, le véritable seul héros de ce film. A titre de comparaison, alors que Rocky avait déjà un poulain dans le cinquième épisode, ce dernier ne servait que de faire-valoir. Le poulain n'était alors qu'un "prétexte" de plus. C'est ici bien différent. Le héros du film est bien Adonis Johnson.


J'ai toujours été persuadé de la capacité dramatique qui se dégage de Sylvester Stallone. Dans Creed, il est tout simplement magnifique, un jeu d'une perfection rare. Touchant à l'extrême, drôle, parfois, il est encore meilleur qu'il ne l'était dans Copland.

Je vais faire bref. J'ai adoré ce film. Je l'ai trouvé extrêmement juste, avec une deuxième lecture beaucoup plus profonde qu'elle ne paraît. J'ai toujours été persuadé que Rocky et Stallone ne faisaient qu'un, et ce film est clairement le passage d'un témoin intra et extra diégétique. Rocky vieillit, Stallone aussi. Les thèmes abordés sont profonds et traités avec justesse (l'isolement, la maladie...) et encore une fois, le parallèle entre le monde de la boxe et celui de la vie est époustouflant de réalisme. 


Michael B. Jordan n'est pas en reste. Sa ressemblance avec Carl Weathers est juste flagrante. Et l'acteur est plutôt bon.


Philadelphie est toujours au centre de l'histoire. Un personnage à part entière, qui a lui aussi traversé tous les épisodes.

J'ai été particulièrement touché par la symbolique de l'héritage, que ce soit par le nom, la gloire ou le savoir. Connaissant l'implication de Stallone dans la série, j'y vois un message clair de la part de quelqu'un qui a perdu son fils quelques années auparavant. Pourtant, on le retrouve en grande forme (j'espère sincèrement qu'il gagnera le golden globe du meilleur second rôle). Un épisode qui conclut la série (pour l'instant?) de fort belle manière. A mon sens, sûrement le meilleur épisode de la série, simplement.


                                 

mercredi 12 mars 2014

Le Majordome, histoire d'une vie...

C'est en me rendant aux USA que j'ai découvert le dernier film de Forest Whitaker, Oscar du meilleur acteur 2006 pour Le dernier roi d'Écosse. J'étais bizarrement passé au travers de ce film lors de sa sortie. Pourtant, le sujet est de ceux que j'affectionne particulièrement.


Sorti en 2013, Le Majordome (Lee Daniels' The Butler) propose un casting de haute volée. Ce qui est rassurant, c'est que le casting n'est pas là pour dissimuler un vice caché.

Le Majordome raconte la vie de Cecil Gaines, fils d'esclaves qui devient donc majordome. Il finit par travailler à la Maison-Blanche, où il restera de 1952 à 1986, au service de sept présidents différents. L'histoire de cet homme est inspirée par celle de Eugene Allen.

Comme à son habitude, Forest Whitaker est excellent. Dans un rôle tout en retenue et en non-dits, il est l'incarnation parfaite du majordome impassible qui voit défiler autour de lui une société en transformation.

Ce qui est intéressant avec ce film, c'est qu'il se veut être une vignette d'histoire. A travers le regard du Majordome, on voit les différentes facettes de la société, on la voit évoluer et se transformer. Prendre le parti de ce point de vue est d'autant plus judicieux car l'histoire américaine était alors en grande question sur les droits civiques des afro-américains.

Le casting de la famille de Cecil est superbe, particulièrement pour la révélation Oprah Winfrey en femme battante et fragile.

Le Majordome n'est pas le seul personnage intéressant car le réalisateur Lee Daniels a intelligemment intégré d'autres points de vue contemporains à l'intrigue. La femme de Cecil, en femme fragile mais luttant pour sa famille, est spectatrice de tout ce qui gravite autour d'elle. L'aîné des fils, impliqué dans la lutte pour les droits civiques des noirs, montre une tout autre facette de la situation des minorités de cette époque.
On pourra noter également au casting une Mariah Carey méconnaissable et un Lenny Kravitz tout en sobriété.



Que dire du casting présidentiel ? De Robin Williams en Eisenhower à Alan Rickman en Reagan en passant par James Marsden en Kennedy, on en prend plein les yeux. Sans voler la vedette au héros, ils apportent une touche d'humanité à toutes ces figures historiques.

J'ai, pour ma part, beaucoup aimé les relations qu'entretient le Majordome avec tous les présidents. Jamais les mêmes, et pourtant basées sur la confiance, elles sont le fil conducteur de l'oeuvre. Le casting fabuleux de ces hommes de pouvoir y est pour beaucoup. On s'y croirait, entre les maquillages et le jeu d'acteur toujours irréprochable. 

Le majordome, c'est l'histoire d'un combat silencieux, d'un combat qui se livre sur une vie, avec des larmes retenues et des coups reçus mais jamais donnés. 

Ce que j'ai adoré dans ce film, c'est sa retenue. Que ce soit dans le jeu d'acteur comme dans les images, choisies et calibrées pour ne jamais être vulgaires, on appréhende un pan de l'histoire américaine sous tous ses angles. 
Bref, si vous voulez voir et comprendre sans jamais tomber dans la critique facile et abrupte, je ne peux que vous conseiller ce film. Un très grand film !



samedi 25 janvier 2014

Match Retour, combat de monstres sacrés.

J'ai d'abord cru à une blague. Deux films qui ont une place de choix dans ma vidéothèque allaient faire en quelque sorte leur retour gagnant. Dans le coin bleu, Raging Bull, sorti en 1980 et réalisé par Scorsese avec un Oscar pour De Niro. Dans le coin rouge, Rocky, série débutée en 1976, Oscar du meilleur film cette année là et une nomination pour Stallone en tant que meilleur acteur... Et si ces deux monstres sacrés s'affrontaient une dernière fois, dans un film teinté de nostalgie, d'humour et de bons sentiments ? Let's get readyyyyyyyyy to rumble !


 Une tête d'affiche comme on en a rarement vu ! Stallone et De Niro ne s'étant rencontré qu'une seule fois au cinéma dans le fabuleux Copland. Vous pouvez déjà remarquer la différence de garde et un casting pour le moins éblouissant !

Le monde de la boxe des années 1980 a été frappé par les affrontements épiques de deux légendes, tour à tour champions du monde. Henry "Razor" Sharp (Stallone) et Billy "The Kid " McDonnen (De Niro) se sont affrontés deux fois, remportant chacun un seul match. Alors que tout le monde attend leur dernière confrontation, "Razor" Sharp prend sa retraite, laissant sur le carreau sont adversaire par KO technique. Trente ans après, à l'occasion d'une émission de télévision, les journalistes reparlent de ces affrontements. D'ailleurs, qui était le meilleur, finalement ? Les événements vont s'enchaîner jusqu'à ce que se profile à l'horizon l'inéluctable revanche...

C'est à l'occasion d'une séance de motion capture pour un jeu vidéo que les chemins des deux boxeurs se croisent de nouveau. Attention, scène épique !

C'est à partir de là que le film s'emballe un peu. Retrouver nos deux acteurs vieillissants se préparer à l'affrontement final est un délice. Ici, point de débat sur la condition humaine ou l'avenir de la société ! Une bonne comédie comme je les aime. Alors certes, je ne suis pas très objectif, Stallone et De Niro étant tous les deux dans le top cinq de mes acteurs fétiches. L'odeur très rétro de ce film m'a quand même séduit.


Les poignées d'amour ont parfois remplacé les tablettes de chocolat. Mais souvenez-vous que devant vous se tiennent, à la pesée, presque 200 kilos de talent à l'état pur.

Si ces deux monstres sacrés tiennent bien évidemment le haut de l'affiche, l'intégralité du casting n'est pas en reste. Alan Arkin en entraîneur grognon est touchant. Le jeu de Kim Basinger, tout en retenue, très élégant. Kevin Hart, en organisateur maladroit, renforce le côté comique de la situation. Mais surtout, John Bernthal (déjà vu dans Le Loup de Wall Street et la série The Walking Dead, entre autres) est vraiment excellent. 

John Bernthal est excellent dans le film. De plus, sa ressemblance frappante avec De Niro dans Raging Bull est un atout de poids !

Revoir De Niro et Stallone courir, frapper, sauter à la corde, boire des œufs crus et se plaindre du mal au dos... J'adore !

Evidemment, ce retour aux sources est l'occasion pour les deux acteurs principaux de se faire plaisir, et ça se sent à travers l'écran. Sur le plan des reproches, il est clair que les ficelles scénaristiques sont téléphonées. L'occasion pour les boxeurs de s'affronter de nouveau est surtout celle de voir resurgir les fantômes du passé, des fantômes de 30 ans d'âge. Si Stallone avait déjà joué cet atout dans le dernier Rocky, cette approche est tout de même encore une fois réussie. 

J'ai beaucoup aimé comment les acteurs se renvoient l'ascenseur dans le film. Un hommage bilatéral, en quelque sorte. Et franchement, ils ont bien vieilli. C'est drôle et émouvant.

Bien sûr, ce film est un "film pizza" à l'état pur, ce qui, chez moi, n'est absolument pas péjoratif. On passe un bon moment, c'est souvent comique et burlesque, mais aussi assez touchant. 


L'Étalon Italien et le Raging Bull en grande forme ! Comme il est dit dans le film : "Pas au meilleur de leur forme, mais en tout cas du mieux possible !"

Bref, j'ai retrouvé avec plaisir mes deux acteurs fétiches. J'ai aimé les voir se chambrer et s'affronter. On remarque aisément l'amitié qui les unit. Ce qui marche, dans ce film, c'est que l'on sent clairement qu'ils se sont fait plaisir ! Et ça, c'est suffisant pour que le spectateur prenne du plaisir devant ce film. Pas un grand moment de cinéma, mais une soirée entre potes très sympa. Je vous le conseille !



dimanche 19 janvier 2014

Gravity, ça ne tourne pas rond dans l'espace.

Avec mon ami Mathieu, nous nous sommes rendus un samedi soir d'octobre au cinéma pour voir Gravity. Lui comme moi n'en avions entendu que du bien. C'était donc une séance "fleur au fusil" sans trop savoir ce qui nous attendait. Respirez un grand coup... Go !



Une fois n'est pas coutume, je trouve les affiches alternatives ou issues de la communauté des fans absolument sublimes. Surtout que Gravity a tout d'un vieux film des années 50, en bien, évidemment !

La scientifique Ryan Stone (Sandra Bullock) et l'astronaute chevronné Matt Kowalski (George Clooney) sont engagés sur une mission spatiale destinée à réparer le télescope Hubble. Suite à la destruction d'un satellite Russe, les débris tournent autour de la Terre indéfiniment et deviennent de véritable armes de destruction créant à chaque passage de nouveaux débris (le fameux syndrome de Kessler). Il sont alors seuls survivants et perdus dans l'espace. Le film s’intéresse à la façon dont nos deux valeureux pionniers de l'espace essaient de s'en sortir et de rejoindre la Terre sains et saufs.

Tout l'aspect filmique est pour moi sur deux pans assez paradoxaux : la technique, la qualité de l'image, les effets 3D sont absolument fabuleux. Pourtant, c'est le côté "vide" qui fait le charme du film !

J'ai rapidement trouvé de nombreuses qualités à ce film. D'ailleurs, je n'en parlerai pas sinon ! Et la première, celle qui vous saute à la gorge, c'est cet aspect absolument dément de grandeur étouffante. Le vide de l'espace est continuellement mis en image avec beaucoup de classe. Cuaron, pourtant esthète des huis-clos, fait mouche avec un cadrage mêlant champs et hors champs attractifs. La gravité entraîne vos yeux à l'endroit où il faut !

Alfonso Cuaron a dirigé ses acteurs avec minutie. Surtout que passer de l'immensité de l'espace au confinement excessif des stations a certainement dû être un exercice difficile. Sans parler des tournages en numérique, où les acteurs n'avaient que peu de repères pour se placer. 

Que dire du casting ? C'est d'autant plus étonnant de savoir que les acteurs principaux n'étaient pas les premiers choix du réalisateur... Alors que l'interprétation globale est incroyable. Peu de personnages, de nombreux moments où les acteurs sont seuls, il faut un jeu parfait pour tenir le spectateur en haleine. J'ai aimé l'impression que donne Clooney d'être en roue libre, lui comme son personnage. A la fois sérieux mais teinté d'humour, il relativise beaucoup les situations. Ce qui est un comble, dans l'espace !


Ce n'est un secret pour personne... Sandra Bullock, qui affirme au fil des années son statut de grande actrice, est formidable pendant deux heures. Difficile pourtant d'amener de la vie dans un endroit qui en est dénué.

Sandra Bullock apporte immensément au film. non pas que le film aurait été mauvais sans elle, mais il est vrai que nous partons sur des bases de vides spatiaux, d'espace clos inhabités et de silence assourdissant. Pourtant, dans son jeu en finesse, dans ses expressions ou dans ses gestes parfois maladroits où se mêlent la peur et la survie, c'est du grand art. Vivement l'Oscar !

Lumières et couleurs, cadrages immenses, 3D impeccable (et c'est rare que je la défende!). Le film de Cuaron est d'un esthétisme rare.

Ce que j'ai aimé dans ce film, c'est le rapport entre le fond et la forme. Une technique parfaite utilisée pour un scénario basique, qui tiendrait sur une fiche bristol. Et pourtant, le fond est fabuleux car introspectif pour les personnages (d'autant plus vrai lorsque l'on sait que Sandra Bullock partageait pendant le tournage du film de nombreux points communs avec son personnage) et une vraie réflexion sur l'humanité. Encore mieux, le spectateur partage ce voyage, manque d'oxygène, se détend parfois, mais garde cette impression de ne rien contrôler. Jusqu'à la dernière minute, je n'ai rien lâché et on ne m'a pas lâché non plus. Ce film, c'est le genre de film où on te jette dans la piscine et où on te montre la bouée. C'est dur, c'est fatiguant, mais c'est bon !
Je ne peux donc que vous le conseiller.
Pour moi, un chef-d'oeuvre, LE film de 2013.




vendredi 17 janvier 2014

Happiness Therapy, soigner le mâle par le mal.

Un peu fatigué des films sombres qui ont jalonné mon parcours récent de cinéphile, je me suis dit que c'était le bon moment pour me plonger dans une comédie romantique comme je les aime. J'avais beaucoup entendu parler de "Happiness Therapy" alors je me suis dit que c'était le bon moment ! Go !



Sorti de huit mois en hôpital psychiatrique après avoir découvert que sa femme le trompait, Pat Solitano retourne vivre chez ses parents. Il a tout perdu : emploi, maison, amour. Ses parents sont inquiets. Quel avenir pour cet homme détruit et très auto-destructeur ? Décidé à reconquérir son ex-femme, son parcours le mène à croiser Tiffany, une jeune veuve dont le parcours sentimental n'a rien à envier au sien. Elle accepte de l'aider, s'il lui rend un service en échange. A partir de là, un lien inattendu se forme, avec pour ambition de reprendre en main leurs vies respectives.

Clairement, le duo Bradley Cooper / Jennifer Lawrence est l'atout majeur de ce film. Les seconds rôles ne sont pas en reste, avec Robert De Niro en père (turbé), Chris Tucker en ami rigolo... Que du très bon !

J'ai été étonné lorsque j'ai découvert le palmarès de Happiness Therapy. Ce film est le film de tous les records : nommé aux Oscars dans la catégorie meilleur film ainsi que dans sept autres catégories, Jennifer Lawrence finit par remporter celui de la meilleure actrice. Le dernier film a avoir été nommé pour sept oscars majeurs était Reds de Warren Betty, il y a 31 ans !

Le personnage de Tiffany est difficile à cerner au début. Il faut avouer que le jeu de Jennifer Lawrence est excellent.

Attention, ce qui suit dévoile des moments clés de l'intrigue. Ne pas lire si vous n'avez pas vu le film !

La relation qui se noue entre les deux personnages principaux est vraiment particulière. Ce sont deux personnages blessés et torturés, les voir graviter l'un autour de l'autre est touchant. Tout en finesse, jamais vulgaire, l'évolution de Pat et Tiffany emporte le spectateur avec elle.

Nos deux amoureux déçus commencent à nouer des liens forts en apprenant... à danser ! Les scènes réunissant les deux acteurs resplendissent de vérité.

Ce que j'ai aimé dans ce film, c'est que je me suis laissé "avoir" par son ton un peu décalé. Au début, on rit bien. La misère dans laquelle se traîne le héros est pathétique, les personnages vivent dans un dialogue de sourd permanent. A partir du moment où Tiffany entre en scène, on ne voit vraiment pas arriver l'histoire d'amour qui prend forme de manière très subtile.

C'est dans un garage rénové que les deux personnages principaux se reconstruisent. On a beaucoup parlé du jeu de Jennifer Lawrence, mais je trouve celui de Bradley Cooper encore meilleur !

J'aime aussi la ribambelle de personnages qui tournent autour de nos héros. La famille de Pat (De Niro en tête), est une famille complètement loufoque ! Chaque personnage possède son propre grain de folie, et on en vient à de demander si Pat n'est finalement pas la plus "normal". 
Celui interprété par Chris Tucker est également génial. Sorte de running-gag permanent, il rappelle sans cesse le passé tumultueux de notre héros. Quant à Ronnie (interprété par John Ortiz), il représente ce que Pat aurait pu devenir. Cette galerie est absolument exquise !

Happiness Therapy porte bien son nom. La façon dont les bons sentiments sont amenés change radicalement de ce que l'on a l'habitude de voir dans des comédies romantiques où le scénario est coupé à la hache. Subtil et fin. Très classe.

Si vous avez envie de voir un film qui vous mettra de bonne humeur, foncez. Happiness Therapy est un petit concentré de pur optimisme, porté par de grands acteurs, une bande-son extra et une histoire qui sort des sentiers battus. 
Que du bonheur !





mercredi 8 janvier 2014

Fight Club, le polar aux deux visages.

Bonjour, amis cinéphiles !
La semaine dernière, un ami m'a prêté Fight Club que je n'avais pas revu depuis la sortie au cinéma. Je me suis donc replongé dans le film de David Fincher avec de bons souvenirs. Et à ma grande surprise, le deuxième visionnage était encore mieux que le premier !


Edward Norton en tant que narrateur et Brad Pitt en Tyler Durden, le casting est quand même bien classe...

Fight Club, c'est l'histoire d'un jeune cadre dynamique trentenaire célibataire (dont le nom nous est inconnu, d'ailleurs) spécialiste en assurance et complètement désillusionné par la vie. Victime d'insomnie chronique, il trouve refuge dans l'achat compulsif de biens matériels et dans le spectacle de la douleur des autres. Dans une des thérapies qu'il "suit" il rencontre le personnage de Marla Singer. Mais c'est sa rencontre avec le charismatique Tyler Durden que sa vie va basculer, en créant un réseau de combats clandestins : le Fight Club.

Helena Bonham Carter joue sur mesure une Marla Singer complètement déjantée. Un personnage également hors-norme, mais qui finalement n'est pas aussi perdue que ça...

Que dire sur un film que la presse a unanimement porté aux nues ? Fight Club, c'est le cadeau d'un fan de cinéma aux fans de cinéma. J'en ai déjà parlé, les acteurs sont excellents, y compris les seconds rôles (Jared Leto...) mais je trouve que le duo Norton-Pitt fonctionne à merveille. La bande-son fait aussi son office, autant en termes de bruitages (coups, sons entêtants) que de musique. Les chansons de Tom Waits et surtout de Pixies en tête (Where's my mind ?)

Chaque plan a une signification. Le travail de Fincher est remarquable tant sur la forme que sur le fond. Dans Fight Club, rien n'est gratuit, et rien n'est là par hasard.


En effet, une des grandes forces du film est la mise en scène. Sans dévoiler l'intrigue, il faut savoir qu'une deuxième vision du film est nettement conseillée pour comprendre toute la finesse de la mise en image. Et le pire, c'est que les personnages eux-même expliquent parfois ce que le réalisateur fait. Une bien jolie mise en abîme, quoi !

Attention, ce qui suit révèle des moments importants de l'histoire ! A ne pas lire si vous n'avez pas vu le film !

Brad Pitt joue un Durden terrifiant de charisme. Fort, ombrageux, avec une gouaille terrible, c'est l'archétype de l'homme fort tête brûlée, tout ce dont rêve de devenir le narrateur.

En plus d'imprégner au film une forme tout à fait exemplaire, Fincher nous gratifie d'une oeuvre forte en sens et en interprétation. Durden et le narrateur ne sont en réalité qu'une seule et même personne. A partir de ce constat, tout le film prend une autre ampleur et beaucoup de plans qui paraissaient injustifiés auparavant s'emplissent d'un bon sens tout à fait naturel.

Le message récurrent du film, transporté par Durden sur l'hyper-consommation est saupoudré tout le long de l'oeuvre. Finalement plus q'un simple fil rouge, il traduit un malaise auquel les spectateurs peuvent s'identifier...

Ce qu'il me plait dans ce film, au-delà de l'aspect technique visuel et diégétique, c'est cette fameuse double lecture qui pour moi est la pierre angulaire de l'oeuvre. Un héros dédoublé et torturé, comme un rite de passage. La personne "normale" qui devient le personnage qu'il rêve secrètement d'être. Et comme je vous l'ai dit plus tôt, une deuxième vision du film vous jettera aux yeux de multiples détails qui auront pu vous échapper au premier visionnage...

Le narrateur passe par plusieurs étapes, jusqu'au dénouement final où il s'affronte lui-même. Des thérapies de groupe, où le mal est partagé, à la schizophrénie, où le mal est intérieur, il n'y a finalement qu'un pas.

Pour conclure, je dirai que Fight Club est un film qui marque son époque, tant par le fond que par la forme. Alors si vous avez le cœur bien accroché et l'envie de voir un grand film, foncez !




vendredi 3 janvier 2014

Le Loup de Wall Street, retour aux sources pour Scorsese.

Je me suis rendu dans une salle obscure près de chez moi pour retourner dans les univers glauques et délurés de Scorsese. Dans la droite lignée des Affranchis, de Casino ou encore d'Aviator, Le Loup de Wall Street renoue avec la tradition biopic de personnage peu fréquentable chère au réalisateur. 



Au milieu des années 80, Jordan Belfort est un jeune courtier ambitieux. Il intègre tout d'abord une équipe de courtiers sur Wall Street. Le lundi noir frappe de plein fouet, mettant à mal les envies de grandeur du jeune homme. De fil en aiguille, Belfort finit par créer sa propre boite Stratton Oakmont. Le film suit l'histoire survoltée du fameux loup de Wall Street. Et comme toujours chez Scorsese, la recette fait mouche : introduction, ascension, déclin.

Encore une fois, Scorsese permet à son personnage principal une énorme liberté : il parle aux spectateurs, donne son point de vue, éclaircit certains nœuds scénaristiques... 

J'ai, pour ma part, retrouvé avec plaisir les classiques de la recette Scorsesienne concernant la biopic dejantée. Une bande-son sublime, portée par des titres marquants leur époque. Ni trop abusée, ni trop absente, la musique fait mouche. Les plans séquences un peu longs, habituels chez le réalisateur, sont également de la partie. Petits arrêts sur image pour appuyer une action, travellings présentant des lieux gigantesques, la démesure des richesses est amplement à la hauteur de la mise en scène.




Bon point pour le casting des seconds rôles. Kyle Chandler en agent du FBI, Jean Dujardin en banquier Suisse, mais surtout Matthew McConaughey en courtier d'exception sont épatants dans leurs rôles respectifs, malgré le cruel manque de temps à l'écran.

J'ai trouvé DiCaprio extraordinaire, même si on commence à y être habitué. Souvent ombrageux, malsain mais irrésistible, l'acteur s'en donne à cœur-joie. Accompagné rapidement par la jeune Margot Robbie, le couple crève l'écran comme De Niro et Stone à une époque.

Le sulfureux couple est au centre de la vie personnelle de Jordan Belfort. La jeune Margot Robbie tient la dragée haute à son talentueux partenaire à l'écran.

Les rapports humains, particulièrement ceux entre Belfort et ses amis-associés-conquêtes-employés-patrons, sont parfaitement intégrés dans le scénario. Scorsese réussit une fois de plus à associer un nombre important de personnages et un scénario alambiqué. On ne s'y perd pas souvent.

Les scènes où se retrouvent Jordan Belfort et ses associés sont très souvent hilarantes ! Le réalisateur traite de sujets parfois graves et choquants, mais l'humour de la mise en scène les tourne en dérision.

Résumer ce long film de trois heures tient du miracle, tant la réalisation et ses multiples facettes réservent des surprises aux spectateurs. Et c'est bien là le tour de force de Scorsese : d'ingrédients maîtrisés et de valeurs ajoutées, il produit un film surprenant et classique à la fois, un comble ! Bref, trois heures de délice.